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Élections parlementaires 2024 en Géorgie

Diana Chankotadze.1

Le 26 septembre 2017, le Parlement géorgien a adopté des amendements constitutionnels pour que le pays passe à un système électoral entièrement proportionnel avec un seuil de 5 % d’ici 2024. Sous le système précédent, 77 députés étaient élus au scrutin proportionnel au seuil de 5 % et 73 étaient élus au scrutin majoritaire. Les élections législatives de la dixième législature de 2020 ont eu lieu dans le pays avec un seuil de 1 %, avec un coefficient de 120/30. Le 6 février 2023, la Commission électorale centrale de Géorgie a pris une décision selon laquelle près de 90 % des votants des élections législatives géorgiennes de 2024 participeront au vote en utilisant les technologies électroniques. Le 9 février 2023, avec 88 voix contre 3, les modifications concernant les quotas de genre dans le Code électoral ont été adoptées en troisième lecture de manière accélérée. Selon Givi Mikanadze, député de la 10e législature de Géorgie, l’un des initiateurs de ce changement, cela concernait l’article 203 du Code électoral. Les dernières élections législatives dans le pays ont eu lieu le 31 octobre 2020 et le parti du Rêve géorgien a réussi à l’emporter avec 48,22 % des voix. Des élections présidentielles sont également prévues en 2024 en Géorgie, au cours desquelles le président sera élu pour la première fois selon un nouveau système : par un collège électoral de 300 membres. Le collège comprend tous les membres du Parlement de Géorgie (150 députés), tous les membres du Conseil suprême d’Abkhazie (20 députés régionales), tous les membres du Conseil suprême d’Adjarie (21 députés régionales) et 109 membres des conseils municipaux[1].

Les préparatifs préélectoraux dans le spectre politique géorgien ont commencé à propos de la redistribution du pouvoir. Les opposants à l’équipe gouvernementale n’avaient pas envie de s’unir, mais ils ont pu se diviser en syndicats de coalition et participer ainsi aux élections. Il convient de noter qu’une partie de l’opposition s’est séparée du parti Mouvement national créé par le troisième président de la Géorgie, Mikheil Saakashvili, et les projets électoraux ont été discutés sans celui-ci pendant la dernière période[2].

Les prochaines élections législatives en Géorgie se sont déroulées le 26 octobre 2024. Elles ont commencé à 8 heures du matin et ont duré jusqu’à 20 heures, heure à laquelle les bureaux de vote ont fermé.

Cette année, les élections en Géorgie ont eu lieu pour la première fois grâce aux nouvelles technologies électroniques. Sur 3 030 circonscriptions électorales, 2 262 ont pu voter par voie électronique, soit plus de 89 % des votants, comme prévu. Dans 768 circonscriptions, le scrutin s’est déroulé selon la méthode traditionnelle. Dans celles où se déroulaient les élections électroniques, lors du remplissage du bulletin de vote, le cercle devant le nom d’un seul parti souhaité était coloré avec un marqueur spécial (l’espace intérieur du cercle). Selon les dernières données, 3 508 294 électeurs étaient inscrits sur la liste unifiée. Parmi eux, 317 119 électeurs sont enregistrés dans la région d’Adjarie en Géorgie.

Selon les données de la Commission électorale centrale de Géorgie, 3 010 circonscriptions ont été dénombrées sur 3 111 circonscriptions, au sein desquelles le parti politique gouvernemental le Rêve géorgien a remporté 54,08 % des voix, tandis que 5 syndicats de coalition politique ont franchi la barre des 5 % seuil.

Selon ces données, le Rêve géorgien reste dans la majorité parlementaire pour le quatrième mandat. D’après les résultats de 2 201 districts, les mandats sont répartis comme suit : Rêve géorgien : 88 mandats / Opposition : 62 mandats.

  • Rêve géorgien : 88 mandats (76 voix suffisent pour créer une majorité parlementaire et approuver le gouvernement)
  • Opposition :
    • Coalition pour le changement : 19 mandats
    • Unité – Mouvement National : 16 mandats
    • Géorgie forte : 14 mandats
    • Gakharia – Pour la Géorgie : 13 mandats

Les pourcentages des partis politiques sont les suivants[3] :

  • Rêve géorgien : 52,97 %
  • Coalition pour le changement : 11,21 %
  • Unité – Mouvement National : 9,84 %
  • Géorgie forte : 9,03 %
  • Heureux pour la Géorgie : 8,23 %
  • Girchi : 3,23 %
  • Alliance des Patriotes : 2,53%

Les messages préélectoraux du Rêve géorgien portaient notamment sur l’implication de la Géorgie dans la guerre en Ukraine par l’Occident, bien que son fondateur, Bidzina Ivanishvili, ait affirmé que la Géorgie se concentrait sur l’adhésion à l’Union européenne (UE). Il faut souligner que 85 % de la population géorgienne souhaite rejoindre l’UE.

Au lendemain du vote, le 27 octobre 2024, une manifestation a été organisée par la cinquième présidente de la Géorgie, Salomé Zurabishvili, au centre de Tbilissi, pour dénoncer la fraude totale, la saisie des voix et l’utilisation de toutes les méthodes par le fondateur du parti le Rêve géorgien pour falsifier les élections. « Une telle chose ne s’est jamais produite auparavant. Nous avons été témoins et victimes d’une opération spéciale russe », a déclaré Salomé Zurabishvili, appelant l’opinion publique à élaborer un plan d’action avec les partis d’opposition. Les partis ayant franchi le seuil des 5 % et se trouvant désormais dans l’opposition exigent des réélections dans le pays et annoncent des manifestations dans les rues jusqu’à ce que le Rêve géorgien soit vaincu, avec l’idée qu’aucun de ses membres n’entre au Parlement.

La Chine, la Hongrie, la Turquie et la Russie reconnaissent les résultats des élections parlementaires géorgiennes et félicitent le Rêve géorgien pour la victoire électorale – Viktor Orban ayant été l’un des premiers à le faire en se rendant sur place pour personnellement féliciter son collègue géorgien, Irakli Kobakhidze, pour sa victoire.

L’ambassadeur de l’UE en Géorgie, Pawel Herczynski, a réaffirmé la volonté de l’UE de travailler avec le gouvernement nouvellement élu sur les réformes nécessaires au processus d’adhésion de la Géorgie à l’UE, regrettant que « beaucoup de temps ait été perdu » au cours des derniers mois. « Notre porte est ouverte à la Géorgie. Nous vous attendons », a-t-il déclaré, soulignant que l’Union européenne travaillera avec « tout gouvernement démocratiquement élu par le peuple géorgien ». Dans le même temps, il a mis en avant certaines valeurs qui, selon lui, sont « non négociables » si le pays cherche à adhérer à l’UE : la liberté, la démocratie, l’État de droit et les droits des minorités. « Si la Géorgie devient un État à parti unique, si la Géorgie devient un pays où l’opposition politique est interdite, si la Géorgie devient un lieu où la société civile doit aller travailler à l’étranger, si les droits humains fondamentaux, y compris les droits des minorités, ne sont pas protégés… alors la Géorgie ne deviendra pas membre de l’Union européenne. Ni aujourd’hui, ni demain, ni après-demain », a déclaré l’ambassadeur dans une interview accordée aux médias[4].

Des manifestations ont lieu chaque jour dans la capitale géorgienne, les partis d’opposition boycottent les résultats des élections législatives et refusent les mandats jusqu’à ce que de nouvelles élections soient organisées dans le pays. La population géorgienne continue de vivre selon le mode des manifestations.

 

Crédits : Vakhtang Egiazarov


[1] https://www.radiotavisupleba.ge/z/23280

[2] https://www.ajaratv.ge/article/116711

[3] https://www.radiotavisupleba.ge/a/33174515.html

[4] https://civil.ge/ka/archives/628898

  1. Professeure à l’Université de Géorgie []

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
hermes (11 novembre 2024). Élections parlementaires 2024 en Géorgie. Revue Hermès - Cognition - Communication - Politique. Consulté le 12 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/12ngr


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