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La Géorgie entre les mains de la jeunesse

Drapeau européen flottant au milieu d'une foule, de nuit, avec de la fumée.

La Géorgie, au carrefour des influences. Crédit : Guka Abdaladze.

 

par Diana Chankotadze1

Les manifestations de Tbilissi qui ont débuté le 7 mars 2023 rappellent aux Géorgiens les grèves de rue organisées dans la capitale par les étudiants devant le Parlement en 1989, surnommées « La Tragédie du 9 avril ». À l’époque, les étudiants géorgiens protestaient contre l’armée soviétique, réclamant l’indépendance de la Géorgie. Après quelques jours et nuits passés dans la rue, au petit matin du 9 avril, les troupes russes entrèrent à Tbilissi, dispersant les manifestants antisoviétiques pacifiques. Ce fut un raid sanglant : vingt-six personnes tuées et quatre-cent-vingt-sept gravement blessées. Ces événements du 9 avril ont joué un rôle majeur dans le mouvement de libération nationale, jusqu’à l’indépendance géorgienne.

« Non à la loi russe » : cette revendication est apparue début mars 2023 à Tbilissi, encore une fois du côté de la jeunesse, après la tentative du pouvoir de soutenir une nouvelle loi, surnommée « copie de la loi russe ». Selon les partis géorgiens d’opposition, la loi adoptée en dans la fédération de Russie en 2010 est répressive et s’applique à tous ceux qui sont financés de l’étranger ou qui bénéficient d’une influence démocratique étrangère. Cela a déjà affecté les Russes défavorables au régime en Russie, qui ont dû quitter leur patrie.

Le parti au pouvoir « Le Rêve géorgien » a été très solidaire du projet de loi, qui a été préparé par le mouvement anti-occidental « People’s Power », lié aux députés de la majorité. Selon ce projet de loi, les organisations non gouvernementales (ONG) et les médias qui reçoivent un financement de l’étranger devront se déclarer comme « agents d’influence étrangère ». Ainsi, le ministère de la Justice pourra les contrôler et obtenir tout type d’information, y compris des données personnelles. De plus, le ministère aura le pouvoir d’imposer des amendes et l’’enregistrement obligatoire des organisations.

C’est sur la base d’une loi similaire que les ONG et les médias sont persécutés en Russie. Compte tenu du contexte historique, « agent étranger » peut être associé à « espion étranger » et « traître », ce qui complique la coopération de la société et en particulier des responsables gouvernementaux avec ces personnes et, par conséquent, leur implication dans la vie politique.

La loi russe sur les agents d’influence étrangère cible les personnes qui ne sont pas alliées au régime de Poutine. Selon l’opposition et les ONG géorgiennes, cela se produit aujourd’hui en Russie, et demain une telle réalité pourrait s’installer en Géorgie. Les autorités géorgiennes assurent officiellement que c’est la loi américaine qu’elles adoptent, dans un but de transparence. Elles tentent de convaincre l’opinion publique que les personnes figurant sur cette liste sont en réalité des agents des services étrangers. Cependant, en Russie, les objectifs ne font pas de doute : lutter contre les valeurs démocratiques et supprimer la liberté d’expression.

  1. Diana Chankotadze est professeure à l’université de Géorgie. []

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
hermes (30 mars 2023). La Géorgie entre les mains de la jeunesse. Revue Hermès - Cognition - Communication - Politique. Consulté le 18 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/pijt


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