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De la main du peuple

par Roberto Chiachiri, professeur et chercheur des universités au Brésil

Le soir du 30 octobre 2022, le Brésil connaît peut-être l’une des plus belles fêtes démocratiques de son histoire après la liesse de la campagne Diretas Já de 1984. La célébration réunit des centaines de milliers de Brésiliens sur l’Esplanada dos Ministérios, à Brasilia, la capitale fédérale. Le 1er janvier 2023, Luiz Inácio Lula da Silva est officiellement investi président du Brésil pour la troisième fois.

Lula marchant avec les représentants du peuple brésilien lors de son investiture

Crédit : print @LulaOficial

 

L’un des symboles les plus importants et les plus marquants de la cérémonie d’investiture d’un président au Brésil est le passage de l’écharpe présidentielle. C’est, traditionnellement, le président sortant qui effectue cette passation. Pour la première fois depuis le retour à la démocratie en 1988, cette tradition a été rompue. Et cela à cause du candidat défait, prêt à s’enfuir aux États-Unis pour chercher refuge auprès de son « meilleur ami », Donald Trump.

Il s’agit, de la part du président sortant, d’un nouvel acte de lâcheté, ainsi que de refus des résultats électoraux de 2022 et de la volonté du peuple, une manifestation de mépris qui n’a pas suffi à satisfaire ses partisans fanatiques délirants, qui jusqu’à aujourd’hui campent devant des casernes militaires pour demander un nouveau coup d’État comme celui de 1964. Ce refus symbolique de remettre l’écharpe présidentielle à son successeur illustre une fois de plus la bassesse d’un homme qui n’a jamais eu la stature nécessaire pour diriger un pays aussi important que le Brésil. À ce propos, le bilan reste à faire, mais il viendra en son temps. 

La cérémonie d’investiture du troisième mandat de Lula enrichit remarquablement l’histoire du Brésil. Par un geste qui a fait pleurer les centaines de milliers de citoyens présents, dont Lula lui-même, l’écharpe lui a été remise par des représentants de la diversité du peuple brésilien. Parmi eux, se trouvaient un garçon noir de 10 ans, habitant d’un quartier pauvre de la périphérie de São Paulo, une femme ramasseuse de ferraille dans les rues de la ville, un métallurgiste — comme le fut Lula —, une cuisinière populaire, un garçon atteint d’une paralysie cérébrale, un artisan, un enseignant et le cacique Raoni, âgé de 93 ans et symbole mondial de la lutte indigène.

Main dans la main, accompagnés d’une petite chienne qui a été adoptée par le couple présidentiel lors de l’arrestation de Lula à Curitiba et nommée Resistência [Résistance], ils remontent la Rampa do Planalto, l’entrée principale du palais du gouvernement. Pourrait-il y avoir un symbole plus fort de ce que sera ce nouveau gouvernement au Brésil ? Les portes du palais ouvertes au peuple part un homme travaillant pour le peuple et représentant véritablement le peuple. Le Brésil respire à nouveau et son cri résonne dans le monde : Lula guerreiro do povo brasileiro [Lula guerrier du peuple brésilien] !

 

 

 

 


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
hermes (9 janvier 2023). De la main du peuple. Revue Hermès - Cognition - Communication - Politique. Consulté le 18 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/pijg


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2 réponses

  1. Roberto Chiachiri dit :

    Merci beaucoup, ma “querida” Carmen.
    Oui, il faut penser à ceux qui n’ont pas voté Lula. Il est maintenant temps de pacifier le pays. Lula saura très bien faire ça… j’espère.
    En ce qui concerne le Pérou… Un très beau pays qui ne mérite pas toute cette souffrance. Toute ma solidarité à nos collègues, amis(es) et au peuple péruviens.

  2. Carmen Rico dit :

    Merci Roberto de cette description si vivante! Mais ….il faut penser aussi en termes des autres moitiés de l électorat hélas…et de ce qui se passe au Pérou, complexe comme tout.

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