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La mort de Mikhaïl Gorbatschev, « Unser Gorbi » (Notre Gorbi)

Par Hedwig Wagner, Europa-Universität Flensburg, Allemagne

Lorsque l’ancien chef d’État soviétique Mikhaïl Gorbatchev est décédé, un hommage lui a été rendu au Parlement allemand. Les journalistes ont tous rappelé que Gorbatchev était affectueusement appelé « Notre Gorbi » par les Allemands. Le titre qui lui a été attribué est celui de « précurseur de l’unité allemande » et les qualités qui lui ont été associées, tant politiquement que personnellement, sont l’ouverture, la démocratie, le dépassement du passé et des conflits.

Un autre lieu commun qui est apparu dans tous les articles : les Allemands n’ont pas oublié les accords 2+4, la « rencontre en cardigan » d’Helmut Kohl avec Mikhaïl Gorbatschev dans le Caucase. En raison de la gratitude et de l’affection envers Gorbatchev, même Helmut Kohl, un peu gênant pour de nombreux Allemands, a été un peu mieux accepté.

On a toujours souligné que la dissolution de la RDA n’avait pas tant à voir avec les chefs d’État de la RDA, Erich Honegger ou le chef du gouvernement par intérim Erich Mielke, le premier élu libre de la Chambre du peuple de la RDA, mais qu’elle était le résultat de la direction soviétique. « Gorbi » était le bon, celui qui a ordonné le retrait des troupes de la RDA, « qui a aidé à mettre fin à la course aux armements et qui a laissé les soldats soviétiques stationnés en RDA dans les casernes lorsque le peuple est descendu dans la rue » (Friedrich Schmidt, 31 août 2022, dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung). Son renoncement au pouvoir sans combattre et la déstalinisation qu’il a mise en œuvre ont été d’autres moments remémorés.

Gorbi aux antipodes de Poutine

À la lumière de la politique actuelle de la Russie, Gorbatchev a déclaré : « Les dangers ne guettent que ceux qui ne réagissent pas à la vie » – ce qui s’est ensuite transformé en un « La vie punit celui qui arrive trop tard ». Et face à la guerre d’agression de Poutine contre l’Ukraine, l’ancien chef d’État a été érigé en antipode de Poutine lors de sa commémoration.

Avec sa mort, la tragédie de ce grand personnage historique a été une fois de plus mise en avant : un véritable héros tragique, un Gorbatchev incompris, idéalisé à l’Ouest et condamné à l’Est – c’est également ce qui a été dit dans de nombreux reportages.

Tous soulignent l’opposition diamétrale entre Gorbatchev et Poutine : l’un a mis fin à une guerre (Gorbatchev en Afghanistan), l’autre en a commencé une (Poutine en Ukraine).

L’un dans l’autre, cette commémoration se révèle être un symbole de la division de la Russie.


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
hermes (21 novembre 2022). La mort de Mikhaïl Gorbatschev, « Unser Gorbi » (Notre Gorbi). Revue Hermès - Cognition - Communication - Politique. Consulté le 20 juin 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/pijc


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